THE GREY (Le territoire des loups en VF, bel exemple de l’adaptation « à la française »).
A vrai dire, ça commençait mal pour celui-la. En fait, pour tout dire et pour être franc, je lui avais fait un sort avant d’en avoir vu la première image. Liam Neeson, acteur au talent incontestable (de The Schindler’s List… à Qui-Gon Jinn dans Star Wars I) je ne dis presque jamais non. Mais le titre français, alors là… il y avais quelque chose du nanard raté. Et puis, le trailer visionné, le tableau s’assombrissait encore. Un sous film d’action où on bute du loup à tire-larigot…
Un ami m’a poussé, j’y suis allé, j’ai été scotché, je suis encore secoué.
THE GREY est un excellent survival polaire. Un excellent film tout court. Bon, il vous en faudra plus pour vous convaincre, alors voila…
Le pitch : un avion transportant un groupe d’ouvrier s’écrase, quelque part au nord. Il y fait froid et pire que des Ch’tis, il y a des loups. Les survivants vont, de manière surprenante, devoir se débrouiller pour survivre.
Si tout cela semble assez classique, c’est parce que le film ne prétend pas du tout réinventer le genre. Les survivants tombent bien un à un tout les quart d’heure sous les canines de ces gros toutous.
Mais le film aligne cependant de formidable atouts qui font finalement de lui bien plus qu’un simple film de genre.
- Un acteur principal très juste, entouré de très bon seconds rôles qui, si un peu manichéens, sont autant de facettes du personnage principal.
- Une mise en scène qui maîtrise d’une manière assez rare le langage cinématographique. Contrairement à beaucoup de ses contemporains, le réal Joe Carnahan sait prendre son temps pour installer ses personnages, planter son avion et son décor. En parlant de plantage d’avion, jamais un crash n’aura été si traumatisant. En fait, ce qui caractérise surtout la mise en scène, c’est la maîtrise du tempo. Le réal n’a pas peur de s’arrêter, de faire un long travelling avant imperceptible, comme un plan séquence, avec une utilisation du hors-champ pour faire deviner l’approche du danger. Mais un peu plus tard, un des personnages tombe à l’eau et se trouve entraîné par le courant : rarement une caméra embarquée n’aura semblé à la fois si folle et si juste. L’effet (sans 3d, ahah !!) est simplement bluffant !
- Les loups en animatronics fonctionnent mais les rares apparitions en synthèses sont, comme dire… un peu has been. Conscient de cela, le réal ne nous montre pas beaucoup ces bêtes là, mais pourtant, leur présence ne nous quitte jamais : force du hors-champ, de l’imagination et de la figuration : dans l’obscurité, des yeux en points lumineux ou la vapeur rejetée par les gueules ouvertes pour crier ahouuuuuu !
- un impressionnant travail sur la bande son. Le vent lui-même semble rejoindre les bêtes dans leur hurlement. La BO de Marc Streitenfeld est simplement monstrueuse mais sait se faire discrète.
- La photographie, pas évidente en milieu neigeux (le film a été tourné en décor naturel ! dans des températures extrêmes) est elle aussi d’une très grande finesse.
- Cette sensibilité se fait l’écho de la grande poésie du film. Hé oui, c’est possible !
Et puis finalement, il y a cette tension. Le chauffage du cinéma fonctionne à fond mais d’un coup, c’est le froid glacial qui s’empare de nous. Distillant les attaques d’une manière assez traditionnelle, le réalisateur se permet cependant quelques belles surprises… qui je l’avoue m’ont fait bondir de mon siège une ou deux fois.
En sortant du Gaumont, le retour dans les rues éclairés et vivantes de Nantes by night a été assez… étrange.